Les méditants et leur expérience de la méditation
Avec ces 21 témoignages, dont le sien, Christophe André fait voler en éclats bien des clichés sur la méditation. Ces récits sont très variés, et pourtant ils se rejoignent pour dessiner le portrait de pratiques méditatives rationnelles, et éloignées des visions idéalisées et romancées.
« Méditez avec nous » vous accompagne, avec bienveillance, vers une méditation joyeuse. Engagez-vous en pleine conscience et trouvez vos réponses.
Cet article vous encourage à connaître la méditation telle qu’elle est et non pas telle qu’on peut se la représenter. D’abord, entendre à quel point la variété des pratiques est une richesse, qui laisse à chacun l’opportunité de trouver sa propre voie vers la bienveillance. Ensuite, déchiffrer au travers des histoires, cette notion d’acceptation, si simple dans sa forme et si complexe à atteindre. Enfin, rester fidèle à l’essence de la pratique.
Laissez-vous aller à la lecture et méditez.
Méditez avec nous et découvrez la richesse des pratiques
La méditation en général, la pleine conscience en particulier
Quel que soit leur nom, zen, vipassana, transcendantale, taoïste ou d’autres encore, toutes les philosophies répondent avec sagesse et justesse aux évènements de notre vie. Et pourtant parmi elles, celle de la pleine conscience trouve une place spéciale en Occident. Est-ce une mode ? Une tendance ? Non, si on sait que la pleine conscience est une pratique ancestrale bouddhiste. Oui, si on considère son impact récent, mais puissant en Occident.
C’est le monde médical qui reçoit, en premier, les bienfaits de la pleine conscience. Le biologiste Jon Kabat-Zinn, ayant pour projet de réduire le stress dû à la maladie, aux traitements lourds, aux douleurs chroniques et à la souffrance des malades. Yogi, il suit les enseignements du moine bouddhiste Thich Nhat Hahn et du maître zen Seung Sahn, grâce auxquels il élabore le premier protocole de réduction du stress par la pleine conscience MBSR (Mindfullness Based Reduction Stress), en 1970. Il fondera plus tard, en 1979, la clinique de la réduction du stress et inspirera d’autres protocoles tels que le MBCT (Mindfullness based cognitive therapy).
De la méditation à la guérison, la science approuve
Ces protocoles ont un intérêt pour beaucoup de chercheurs et de thérapeutes, car leur spectre est assez large. Ils peuvent être intégrés à des programmes de prévention de la rechute dépressive, comme au traitement des troubles bipolaires. Ils vont jusqu’à jouer un rôle dans le suivi des enfants surdoués.
Cette validation scientifique de la pleine conscience a une résonance incroyable en Occident. Elle ne cesse de gagner en popularité, et fait bientôt son entrée dans le monde de l’éducation et de l’entreprise.
Son influence n’écarte pas pour autant les autres approches. Pratiquées avec régularité, toutes apportent des bienfaits cérébraux, rapidement perceptibles dans trois grandes directions :
- la stabilité attentionnelle, méditer aide à muscler nos capacités à rester concentrés et attentifs ;
- l’équilibre émotionnel, méditer facilite les émotions positives et aide à réguler les négatives ;
- le contrôle des impulsions, méditer aide à moins céder aux tentations, aux impulsions à consommer de l’alcool, de la nourriture ou encore des écrans.
Une pratique qui séduit tous les milieux
Difficile de rester indifférent face à une telle efficacité, et d’ignorer les travaux qui valident ces résultats et en constatent de nouveaux. Ainsi, on s’aperçoit que les méditations s’adressent à des adultes en proie ou non à leurs émotions, mais aussi aux enfants. L’introduction de la méditation dans l’éducation au même titre que l’activité physique, permet un nouveau modèle éducatif. Le fait de cultiver un esprit clair et lucide, régule le stress et active plus naturellement ses capacités d’attention et de concentration.
Le monde de l’entreprise n’est pas en reste. Alors que la performance est toujours au cœur de ses préoccupations, l’accueil favorable fait à la méditation par l’entreprise peut surprendre. Le point de vigilance pour les initiateurs de programme de mindfullness en entreprise est de tout mettre en œuvre pour que les dirigeants s’impliquent eux-mêmes.
Tous les chemins mènent à la méditation
Méditer et accepter ses souffrances
Les médiations et leurs bienfaits se déclinent au pluriel, les chemins pour y arriver aussi. Ces chemins sont initiatiques, échelonner d’étapes qui mènent les adeptes, tout simplement, à la pratique et pas n’importe laquelle, celle qui leur convient. Beaucoup la découvrent au détour d’une lecture ou d’une rencontre et certains la trouvent après avoir vécu des épreuves difficiles. Une chose est sûre, tous saisissent la force d’une telle connaissance et s’y accrochent.
Edel Maex, psychiatre, fait cette rencontre lors d’une période tourmentée de sa vie. Après avoir tenté, sans succès, de remplacer les émotions déplaisantes par une succession d’excès. Il comprend, avec la pleine conscience, qu’accueillir sa souffrance et vivre avec est un acte salvateur.
Gaëtan Cousin, psychologue clinicien, lui a beaucoup essayé et s’est beaucoup trompé avant de s’accepter. Adolescent perturbé, ayant vécu une dépression sévère et ayant survécu à une tentative de suicide, il a le sentiment continuel que le bonheur lui échappe. C’est l’ennui qui l’amène à apprivoiser le vide et à se focaliser sur de petites choses. Cette démarche, très personnelle, se rapproche de la pleine conscience et, grâce à elle, il parvient à traverser ses émotions sans lutter.
Fabrice Midal, fondateur de l’école de la méditation se pense différent et inadapté. Il est, durant toute sa scolarité, confronté à la pression de devoir faire mieux. Le sentiment de n’être jamais à la hauteur s’installe. Là encore, la pleine conscience porte ses fruits et l’amène à « se foutre la paix », comme il aime à le dire.
Méditer et s’épanouir enfin
Pour d’autres, les sentiments sont moins débordants, mais le besoin de douceur et même de lenteur s’impose tout autant.
Yasmine Liénard, psychiatre, médite sans le savoir pendant son enfance. Elle y revient adulte, à l’occasion de la préparation d’une conférence sur les travaux de maîtres zen et de psychiatres. La méditation zen, qu’elle exerce intensivement, lui procure la joie et la liberté qui lui manquait. Les moments de grâce qu’elle vit l’incitent à transmettre sa pratique à ses patients.
Dans le cas de Claire Petitmengin, chercheuse en philosophie et en sciences cognitives, sa première approche du bouddhisme est livresque. C’est plus tard qu’elle rencontre le bouddhisme vivant en la personne d’un moine tibétain, le maître Rinpoché. Attirée, elle tente par bien des moyens de méditer, mais la concentration est difficile. Son mental ne cesse de rejouer les scènes du passé. Sa solution, elle la trouve dans la méditation Shamatha. Elle consiste à porter son attention sur quelque chose de précis, comme la respiration, des sensations du corps ou encore un objet, pour que le flot des pensées s’apaise.
Christophe Massin, psychiatre, rencontre une grande difficulté à intérioriser. Il fait l’expérience de tentatives de méditation pénibles. Ceci étant dû au fait que sa pratique ne découle pas d’une inclination naturelle, mais d’un effort volontariste. La technique du lying, ou purification du psychisme, fait que ses résistances s’affaiblissent enfin.
Finalement, tous ces voyages, quel que soit le chemin emprunté, ont eu pour destination la méditation.
Conseils d’experts pour éviter les dérives
Ne jamais perdre de vue l’essentiel
L’engouement pour la méditation est bien là, mais il faut veiller à son intégrité et se réjouir des réticences qu’elle suscite. Les prudences et les exigences sont stimulantes, si on tient à conserver intact son esprit. Malheureusement, les dérives ne sont jamais bien loin, c’est la raison pour laquelle les conseils et les mises en garde sont les bienvenus.
Avant tout, il est primordial de toujours veiller à ce que la bienveillance et l’altruisme ne soient pas dissociés de la méditation. Si cela arrive alors il est certain que la pratique ne produira aucun bienfait. Gardons à l’esprit que la méditation consiste à cultiver l’acceptation de ce qu’on ne peut pas changer, pour cela l’élément de douceur est essentiel. Il nous rappelle dans quelle direction incliner notre esprit. Sans lui, l’exercice devient une « autre chose à faire », sans plaisir et au prix de plus d’énergie, alors qu’elle doit être agréable, plaisante et pleine de joie.
Ne pas se faire de fausses idées
Un conseil pertinent, et qui fonctionne dans beaucoup d’aspects de notre vie, est de ne pas méditer, juste parce que quelqu’un le conseille. Cette volonté doit naître d’un désir spontané. Personne ne peut vous guider parce que personne ne sait ce qui est bon pour vous, sauf vous. Exit les gourous ! Chacun doit aller puiser ce qui lui semble bon pour lui et même s’arrêter s’il sent que ce n’est pas juste. Il n’y a pas de pratique idéale.
Une mise en garde qui, au vu du contexte de performance dans lequel nous évoluons, ne peut être ignorée. Méditer pour « gérer » le stress, ou être plus performant n’est pas envisageable sauf si on tient à participer à la dictature de la rentabilité. En effet, quand la méditation cesse d’être méditative pour devenir un outil de performance, elle prend part à la déshumanisation.
Face à bien des idées reçues, il est préférable de préciser que la méditation n’est pas une relaxation. Oui, elle participe à la diminution du tohu-bohu mental et donc à une meilleure concentration, mais elle n’apprend pas à relâcher les tensions. C’est au contraire en considérant la tension avec attention que l’on parvient à accepter la réalité.
Sans le corps, nous ne pouvons rien
Nous pouvons lire tous les livres de spiritualité, cela restera lettre morte si nous ne mastiquons pas ces enseignements et ne les digérons pas physiquement. À chacun de trouver sa ou ses techniques : l’aïkido, le yoga, le chant, le jardinage, la marche. Ce n’est surtout pas une démarche intellectuelle, c’est avant tout une pratique du corps. Les enseignements portent sur les exercices corporels, assise, tenue, forme, immobilité, inspire et expire.
L’approche consiste à être un corps et non plus à avoir un corps, ainsi les crispations sont la cristallisation d’un état soucieux, inquiet et méfiant. On se détend dans les jambes, mais on ne détend pas ses jambes. La méditation de la pleine attention étant un exercice corporel, le mental n’a pas à s’en occuper. C’est quand il ressent la simple joie d’être, et de se sentir en ordre, qu’il trouve la bonne raison de méditer.
Alors, pourquoi méditer ? Parce que c’est l’heure. Cette réponse exclut l’idée d’un résultat à atteindre. Si la méditation est sans objet, sans but, elle n’est pas sans effet. C’est en pratiquant que chacun trouve la portée de cet exercice. « Méditez avec nous » c’est surtout un encouragement à méditer pour vous. J’invite à la lecture de cet ouvrage tous ceux qui ont une âme d’explorateur…
Léna GALLOUZE
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