« Le regard des autres » – tableau à l’argile de Jean Claude Apert (en savoir plus)
Ça y est je me suis lancé un défi, celui d’écrire un article par jour durant ce mois d’octobre. Et celui-ci est le premier du défi ! Forcément puisque nous sommes le 1er octobre… Depuis que je me suis lancé ce défi, il y a à peine quelques jours, plusieurs sujets fourmillaient dans ma tête. Les uns voulant paraître avant les autres sur mon blog. Et comme le nom de ce blog l’indique, il me fallait faire un choix !
A commencer par aujourd’hui, qui est « le regard des autres ». Sujet déjà présenté, discuté, étudié par de nombreux auteurs mais qui mérite toujours autant de s’y attarder, car on ne le fait jamais suffisamment. D’ailleurs, je viens moi-même le nom de cette phobie : la scopophobie (Wikipedia, Universalis). Un terme employé surtout quand la pathologie prend de grandes proportions.
NDLR :
Ici, il n’est pas question que j’aborde le sujet sous l’angle d’une réelle phobie lourde, je n’en ai pas les compétences. La peur du regard des autres reste cependant une peur répandue même si elle est à un degré en deçà de ce qui pourrait être considéré comme pathologique.
Les autres nous regardent-ils vraiment ?
C’est la toute première question qui me vient à l’esprit en abordant ce sujet du regard des autres portés sur soi. Est-ce que notre imagination ne nous jouerait-il pas des tours en exagérant démesurément la réalité ? Possible, mais ensuite vient ce vieux adage qui dit « il n’y a jamais de fumée sans feu », cela est-il toujours vrai d’ailleurs ? On sait aussi que l’être humain est capable de créer une mise en situation qui n’existe pas, mais comment le savoir ? Dans ce dernier questionnement, on peut commencer à parler de paranoïa, qui peut être bref ou passager, comme être le symptôme d’une maladie, donc plus long dans le temps.
Ne pas répondre à ces questions nous laisserait dans la tornade de l’incompréhension et dans la peur qui en découle. Y répondre, c’est prendre conscience que les questions se rejoignent à certains carrefours, comme leurs réponses.
Le rôle de notre imagination
Ou plutôt de la mauvaise interprétation de ce que nous voyons. Car c’est en cela que consiste réellement cette idée d’imagination, d’imaginer une scène.
Il n’est pas rare que des regards de passants se croisent dans la rue ou dans un supermarché, sans pour autant qu’il y ait une volonté d’observer l’autre; observer, c’est prendre le temps de noter des détails, ce qui prend forcément du temps, brièvement ou pas.
Peut-on alors prétendre que les gens nous regardent vraiment dans ce cas ? Oui, cela arrive évidemment ! Ne vous arrive-t-il pas, nous-même, de regarder un peu plus attentivement, même tant soit peu, des personnes plus que d’autres lorsque votre regard se pose sur les scènes vous entourant ? Personnellement, cela m’arrive. C’est même une tendance qui s’accroît si l’on est observateur ou tout simplement curieux de ce qui nous entoure.
Notre imagination ne nous joue donc pas de vilains tours, nous sommes observés autant que nous observons. Cependant, nous sommes, au-delà de ça, capables de parfois mal interpréter ce que nous voyons. En prenant pour soi un regard qui semble mauvais, alors que la personne grimaçait pour tout autre chose. Les regards se sont croisés à un moment non idéal.
Oui mais il n’y a jamais de fumée sans feu, non ?
Et bien ce n’est pas vrai. Il peut y avoir une surchauffe, voire carrément une braise, sans pour autant qu’il y ait littéralement du feu ! D’ailleurs, ce n’est pas le feu qui produit de la fumée, mais l’incandescence des matériaux. Le feu est visible, l’incandescence l’est moins. Je joue à fond sur cette métaphore car je trouve qu’elle a le mérite de se questionner en profondeur sur notre position vis-à-vis du regard des autres.
Lorsque nous marchons dans une nature sèche en plein été, nous devenons souvent vigilants par peur d’être pris dans un incendie et d’être brûlé. Ce que notre cerveau percevra le premier sera la moindre fumée jaillissant. Normal, puisque nous sommes alors sur nos gardes. Ce qui est tout à fait naturel, conseillé même. Mais faut-il pour autant gâcher la promenade en ne prêtant attention qu’à ce risque encore inexistant ? Il en est de même de nos promenades dans les rues de la ville, les galeries de supermarché, les couloirs du bureau…
Nous avons tendance à scruter les alentours à la recherche du moindre regard – de la moindre fumée annonçant un feu. Le plus drôle, si on se permet de prendre le phénomène un peu plus à la légère, est que nous fonctionnons tous de la même manière, à des degrés différents évidemment. Ouf, tant mieux au moins on est sûr que quelqu’un surveille le feu !
Suis-je paranoïaque ?
Très honnêtement je ne le pense pas. Et si la question se fait plus ardente dans votre esprit, pourquoi ne pas consulter votre médecin ou votre psychiatre pour en avoir le cœur net ? D’ailleurs, quand on a un pincement au niveau du cœur on va bien voir son docteur, n’est-ce pas ? Un psychiatre est un médecin docteur (il pratique la médecine et possède un doctorat), bref c’est un médecin comme un autre. Voilà qui est dit.
A défaut de paranoïa, on peut parfois se sentir mal à l’aise. Comme on peut parfois se sentir en pleine forme physique et morale. Notre appréhension de ce qui nous entoure dépend fortement de notre humeur, de notre état psychologique à l’instant T.
Un exemple concret
Dans la première année suivant mon burn-out, j’avais une très forte tendance à paniquer en présence de beaucoup de personnes; comme dans un supermarché par exemple. La panique était telle que j’étais paralysé, ma vue se brouillait, je n’entendais qu’une cacophonie sans fin et tous les regards semblaient se diriger vers moi. Avec ma crise de panique, une forme de paranoïa venait.
Pour autant, je n’ai jamais été schizophrène (jusqu’à preuve du contraire du moins), mais ma fragilité psychologique de cette époque me jouait de sales tours. Cet exemple peut paraître un peu éloigné de ce que l’on peut vivre « habituellement », mais il est intéressant. Je pars du principe que les extrêmes permettent de voir comme avec un microscope ce qu’il se passe en temps « normal » tous les jours.
Le regard des autres commence par son regard sur soi
Ce n’est pas tant les autres qui nous observent, avec des arrières pensées, que notre propre regard sur nous-même qui nous fait du tort. A s’en faire mal parfois. Ce que l’on a peur c’est de brûler, de constater que le feu c’est nous. Nous, parce que nous regardons les autres, nous critiquons les autres, nous nous comparons aux autres, nous comparons les autres à nous-mêmes, nous portons des jugements en longueur de journée. Nous savons ce que nous pensons (pas tout le temps je vous l’accorde), de ce fait nous prétendons savoir ce que les autres pensent. Sauf, que les autres ce n’est pas nous. Les gens n’agissent pas tous de la même façon; grâce aux cultures différentes, aux éducations différentes, aux expériences différentes, aux caractères différents…
Tout le monde ne souffre pas du regard des autres et il y a des degrés différents de souffrance de ces regards (comme on l’a constaté plus haut). Il est donc nécessaire de comprendre finalement une chose primordiale : « il est possible que je souffre du regard des autres, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Comment font ceux-là ? »
Effacer le regard des autres
Et bien, je peux vous dire deux-trois choses à ce sujet pour avoir vécu « le regard des autres » et « l’après regard des autres ».
Premièrement,
il est important de se focaliser sur le présent. Le présent est réellement l’une des clés principales du bonheur, si ce n’est LA clé du bonheur. Partons du principe qu’effectivement 2 ou 3 regards se sont portés sur vous lorsque vous êtes partis acheter une superbe paire de chaussures. Acceptons également le fait que ces personnes aient porté un jugement sur votre personne. Soyons fous, ce jugement était négatif et, pire, les gens étaient de connivence ! Et alors ?
Bien sûr, sur le coup vous aviez toutes les raisons de pester, d’être en colère, d’être mal à l’aise etc. mais après ? Pourquoi ruminer quelque chose qui appartient déjà au passé ? Si ça se trouve, vous aviez un morceau de salade collé aux dents, une tête à faire peur ou rien. Quel que soit l’excuse ou l’absence d’excuse, ce qui vous tracasse fait déjà parti du passé. Concentrez-vous sur le présent. Regardez ce qui vous entoure dans l’immédiat. Observez enfin ces objets, ces plantes, ces personnes qui vous entourent. Captez ce qu’il y a là, maintenant. Le mal enduré, peut-être très justement, perdra entièrement sa place dans ce présent.
Deuxièmement,
dans les moments où les regards se tournent vers vous, ou plutôt semblent se tourner vers vous, cherchez en vous quelque chose de positif qui vous fait plaisir. Peut-être un agréable souvenir, l’agréable moment que vous comptiez passer en achetant cette paire de chaussures. Ce peut être aussi l’observation de quelque chose qui vous est agréable, là près de vous; un parc à enfants joyeusement bruyants, les parfums du magasin de fleurs… Fermez les yeux si cela peut vous aider à vous extirper du regard des autres.
Agir de la sorte, vous aidera d’autant plus à ancrer du positif à ce moment d’abord anxiogène. Au pire, cela annihilera tout effet négatif, au mieux cet instant pourra devenir l’un des meilleurs moments de votre journée. Car vous aurez capté un instant de bonheur.
C’est la fin
C’est ainsi que peut finir votre appréhension du regard des autres. Et si cela ne suffit pas, n’hésitez pas à en parler autour de vous. A des gens de confiance ayant l’oreille attentive, à votre médecin même. A avoir eu autant recours à la médecine ces deux ans et demi passés, je peux vous assurer qu’il y a beaucoup à en tirer. Dire qu’auparavant je mettais très facilement en doute les propos et les conseils des médecins. Je ne vous parle pas du fait de voir un psy ! Au final, ce sont des médecins comme le peuvent être les cardiologues, ophtalmologues et j’en passe…
Il existe aussi de nombreux livres sur la confiance en soi.
Ne perdez aucunement courage, le bonheur arrive à tout le monde, mais il faut travailler un peu dessus !
Nicolas HSK