Cette fois, j’ai envie d’écrire sur un sujet qui me touche profondément : celui de la discrimination. Il y a tant de choses à dire sur ce sujet, mais je vais faire le plus court possible pour n’en aborder qu’une partie. Celle de la manière qu’on adopte pour différencier les personnes.
Je ne m’engagerai pas dans un débat sur la place du soit-disant « étranger », car à mes yeux l’étranger est l’autre que soi, l’autrui tout simplement. Et parfois on est même étranger à soi-même ! Je me contenterai donc de proposer simplement une autre façon de différencier des personnes.
La désignation d’une personne
La question « comment désigne-t-on une personne habituellement ? » m’est venue après le visionnage d’une vidéo partagée sur YouTube et sur Facebook (cliquez pour voir la vidéo en question). C’était une partie d’une émission diffusée sur la chaîne France 2. Elle met en avant le témoignage d’un jeune homme victime d’harcèlement moral à l’école. Un témoignage très poignant. Si bouleversant qu’un homme, présent sur le plateau en tant qu’invité, avait du mal à retenir ses larmes.
Sans remettre la vidéo sous les yeux, je vais tenter de vous le décrire : il est noir, porte des lunettes de soleil et il semble être d’âge mûr avec une certaine carrure. Tous les termes employés sont neutres par nature, seuls « âge mûr » et « certaine carrure » découlent d’une appréciation personnelle. Maintenant je vais vous expliquer ce qui me semble être dérangeant.
Les mots de la discrimination
Il est possible que vous ayez compris là où je voulais en venir : le terme « noir ». En soi il n’y a rien de mal de dire un « noir », un « blanc », un « jaune » etc. Ce qui devient en revanche blessant ce sont toutes les pensées que véhiculent ces mots. De ce fait, il suffit simplement de dire ces mots pour que engendrer une discrimination. Que cette discrimination soit réelle, car préméditée, ou si légère qu’elle ne se voit pas, elle existe malgré tout par la seule existence des jugements que l’on porte sur le monde. Ce qui me fait penser qu’il est difficile de ne pas utiliser ses mots de couleur sans déclencher quelque émotion.
Je suis intimement convaincu que je ne porte aucun jugement particulier quand j’utilise ses termes. Cependant, qui sait ce qui se trame dans mon inconscient le plus profond ? Puis, sans aller jusqu’à me poser cette question, comment les autres prennent-ils cela ? Notre pensée personnelle n’est pas la seule qui compte, sans oublier que nos paroles peuvent parfois blesser, même si nous ne le souhaitons pas. Les raisons du ressenti d’autrui sont diverses et variées, et je ne veux pas m’attarder dessus ici. La chose qui me semble être importante en revanche c’est le fait de s’exercer à désigner l’autre personne autrement.
Changer sa façon de percevoir le monde
Je pense que c’est le point crucial de ce que j’écris ici. Nous avons une façon de percevoir le monde parfois – souvent ? – erronée. Revenons à cette vidéo citée plus haut. En dehors de sa couleur de peau, qu’est-ce qui différencie cet homme des autres personnes présentes sur le plateau de tournage ? Il y a en dehors du fait qu’il soit un homme, ses lunettes noires, sa carrure, et surtout ses larmes ! Ces détails n’ont-ils pas autant de valeur que la couleur de sa peau ? Je suis convaincu que désigner cet homme par sa couleur de peau n’est pas la meilleure chose à faire. Cela parce que le monde dans lequel nous vivons est en proie à la discrimination de toutes sortes.
La vidéo m’avait bouleversé également. J’en ai donc parlé à mon épouse, et avant de la lui montrer, j’avais expliqué comment l’animatrice avait pris le jeune homme dans ses bras, comme si la seule communication qu’elle sut faire était cela. Je lui avais aussi parlé de l’homme en pleur : « tu verras il y a un homme assez costaud et d’âge mûr qui se met à pleurer ». Tellement l’histoire du garçon exprimait la cruauté des gens. Bon. C’est en ces termes que je lui ai parlé de cet homme en larme. Et ceci donne une autre dimension totalement différente à mes propos je trouve. L’homme noir devient l’homme tout court. Et c’est ce qui était clairement le détail qui me semblait être le plus important !
Le mot de la fin
Je suis un candide, je l’avoue, mais je l’assume. Parlons donc des autres comme s’ils étaient nous. Quand je vais en Corée du Sud, pays natal de mon épouse, je n’aime pas qu’on me prenne pour un Américain car je n’en suis pas un. Lorsque, en France, les vendeurs, le personnel de caisse ou toute autre personne se comporte différemment avec ma femme et avec moi, je n’aime pas non plus. Les préjugés ont la peau vraiment dure ! Mais je persiste à croire qu’il existera demain un monde meilleur qu’aujourd’hui et moins bien que le surlendemain. Pour cela le travail a commencé hier et nous avons le devoir de le continuer aujourd’hui pour y parvenir à ce monde meilleur. Parlons des autres comme s’ils étaient nous. Parle de l’autre comme si c’était toi.
Nicolas HSK