Article rédigé par Laetitia Gillard
La vie n’est pas un long fleuve tranquille et, durant toute notre existence, nous sommes amenés à surmonter de nombreuses épreuves. Face à une impasse, quelle est votre réaction ? L’échec ou l’horreur vous empêchent-ils d’aller de l’avant ? L’artiste Niki de Saint Phalle, victime d’un viol incestueux durant l’enfance, a puisé dans sa souffrance une force créative formidable aboutissant à une œuvre puissante et expressive.
Certaines personnes parviennent donc à passer outre les galères, métamorphosant un coup dur en force… Si elles y arrivent, alors vous pouvez aussi ! Cet article vous propose de devenir plus résilient pour mieux appréhender les challenges mis sur votre chemin, et à en sortir plus grand ! Suivez nos 3 conseils pour cheminer vers la résilience !
Aller de l’avant en cultivant la pensée positive
Retour sur la définition de la résilience
Selon Boris Cyrulnik : « la résilience, c’est l’aptitude d’un corps à résister aux pressions et à reprendre sa structure initiale. En psychologie, la résilience est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité ».
Face à cette adversité, un humain peut ressentir de l’impuissance, de la colère, de la frustration, de la peur, de la tristesse, de la confusion… Plutôt que de prendre du recul et d’analyser objectivement une difficulté, les émotions envahissent l’esprit et peuvent perturber notre santé mentale et physique. Un sentiment d’injustice a tendance à émerger : « Pourquoi cela n’arrive qu’à moi ? », se lamente-t-on.
Sortir du schéma négatif
Pas moins de 60 000 pensées traversent quotidiennement notre esprit, parmi lesquelles 80 % sont des pensées négatives. Cependant, les études en neurosciences révèlent que notre cerveau, doué de plasticité, peut être « entraîné » à adopter une vision optimiste et positive sur les phénomènes extérieurs. C’est le fameux exemple du verre à moitié vide ou à moitié plein : nous pouvons orienter notre perception vers l’abondance plutôt que vers le manque !
Il est possible de mener un travail intentionnel, soit seul, si l’on s’en sent capable, soit avec un accompagnement ou des supports (psychothérapie, méditation, lectures ciblées, etc.). Selon une étude menée en 2012 par Davidson et McEwen, les changements fonctionnels et structuraux opérés dans le cerveau procurent de larges bénéfices sur le bien-être de l’individu. Apprendre à relativiser ne signifie en aucun cas se mentir à soi-même ou nier la réalité. Mais cela aide à être plus souple afin de mieux « amortir » les chocs de l’existence !
S’ouvrir aux autres pour transformer le traumatisme en force
Choisir l’inertie ou l’action
Selon le neuropsychiatre et célèbre auteur Boris Cyrulnik : « Donner un sens à une épreuve tragique c’est mettre dans son âme une étoile du berger qui indique la direction ». D’après lui, environ une personne sur deux subit un traumatisme durant son existence : inceste, viol, perte brutale d’un proche, maladie, guerre… Tout traumatisme devient une atteinte profonde et marquante. À la suite de ce genre d’épreuve, on observe deux attitudes principales :
- La personne rumine dans son coin, ce qui accentue l’impact du drame vécu. Le souvenir reste prégnant dans le cerveau, il prend de la place et s’y cristallise. Cela peut entraîner des conduites dangereuses, des troubles psychologiques, des symptômes physiques notamment.
- La personne libère la parole, exprime ce qu’elle a vécu par diverses formes (écriture, création plastique, dialogue, théâtre par exemple). En s’adaptant au drame subi, la douleur psychique diminue, et le mécanisme de résilience opère.
Prendre conscience de l’importance des autres
Mais pour Boris Cyrulnik, la force mentale aidant à trouver du bon dans le mauvais n’est pas innée. Ayant largement étudié le principe de résilience auprès des enfants, il repère rapidement trois principes qui favorisent une meilleure acceptation des obstacles :
- le tempérament propre à l’individu ;
- son milieu affectif (un environnement soutenant et aimant améliore considérablement la reconstruction) ;
- son réseau relationnel extérieur.
Pour ce psychiatre reconnu, il existe évidemment des facteurs génétiques déterminants, présents dans l’ADN. Ils amènent à détecter si tel ou tel cerveau sera capable de sécréter de la dopamine ou de la sérotonine, substances qui « donnent une fringale de vie ». Mais un être bien entouré et épaulé saura plus facilement interpréter les embûches comme des sources d’enseignement personnel.
Devenir plus résilient en reprenant pleinement confiance en soi
Croire en la voie du changement
Viktor Frankl a écrit : « Tout être humain est libre de changer à tout moment ». En se focalisant sur le « devenir », l’individu comprend qu’il n’a pas eu de prise sur les évènements qui lui sont arrivés, mais qu’il peut en revanche décider de ce qu’il va en faire par la suite. Les reproches, la culpabilité, l’angoisse représentent des impasses dans la voie vers le bonheur. Par le biais de la positivité, il est plus facile d’avancer en faisant des choix et des actions boostées par un esprit capable de « rebondir ». En reprenant les rênes de votre pensée, vous vous emparez de votre vie. Rien n’est « tout blanc » ou « tout noir » !
Apprendre à aimer la vie avec ses parts de lumière et d’ombre amène parfois à considérer les épreuves comme des sources d’apprentissage. En ayant conscience que rien n’est figé, que ce soit dans notre quotidien ou dans notre manière de le vivre, nous acceptons l’idée de « cheminement ». Il est possible de se mettre en action, de travailler sur soi-même, de ne pas rester condamné au pessimisme, d’accéder au bonheur…
Puiser dans le collectif mais surtout en soi-même
Le principe de résilience n’est pas la négation ou l’effacement d’un fait. C’est une solution de survie, une attitude de protection humaine. On peut notamment citer l’exemple de Django Reinhardt, musicien célèbre, qui eut un jour la main brûlée puis partiellement amputée. S’échappant de l’hôpital, il reprend sa pratique musicale en continuant à croire en son talent. On pense également à ces sportifs qui, malgré leurs handicaps variés, s’entraînent et participent à des compétitions.
Lors de la traversée d’une catastrophe, puiser dans l’expérience d’une personne elle-même résiliente et inspirante peut s’avérer salvateur. Elle peut devenir un exemple ou un guide qui trace la piste de la reconstruction. Il est nécessaire de croire en son potentiel de résilience et à se laisser aider afin de remonter la pente plus facilement. De nombreux groupes de parole d’anciennes victimes ou malades foisonnent notamment, car les échanges de vécus enseignent qu’il est possible de trouver des voies pour s’en sortir. Ainsi, on parvient à transformer sa souffrance passée en moteur, en reprenant foi en l’humanité et en l’avenir. Cette attitude renforce la confiance en soi-même, indispensable pour avancer sereinement.
En 1888, Nietzsche écrivait « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort » dans son livre Crépuscule des idoles. Devenir plus résilient en puisant dans les épreuves de la vie les apprentissages qui nous poussent à évoluer et à nous (re)construire demeure un vrai challenge. Aujourd’hui plus que jamais, de nombreux ouvrages et des thérapies spécifiques existent afin d’accompagner les victimes. Au travers du développement des réseaux sociaux, c’est tout un univers de transmission d’expériences qui a lieu, inspirant bon nombre d’individus dans leur envie d’aller mieux. La pulsion de vie résonne en chacun de nous, et la résilience met l’action en marche pour continuer à exister. « La résilience, c’est l’art de naviguer dans les torrents » : une métaphore de Boris Cyrulnik qui nous rappelle que la vie n’est décidément pas linéaire et sans vague ! À nous de changer d’embarcation ou de direction si la situation l’impose…
Sources :