Burnout, dépression, des mots qui doivent vous parler certainement. Mais que connaissons-nous réellement de ces mots utilisés presque banalement ? Pourtant, ils ne sont pas faciles à faire sortir de notre bouche quand on est soi-même impliqué… J’ai choisi d’en parler, de parler de mon burnout et de ma dépression.
Je tiens à vous dire d’emblée que je ne vous ennuierai pas avec ma vie personnelle depuis ma naissance, ni avec les différentes difficultés rencontrées jusqu’ici depuis l’école maternelle à aujourd’hui. Il y en aurait à la fois trop et pas assez à dire. Trop car c’est le psy ou le prêtre qui doivent supporter un tel supplice. Pas assez, parce que soit je ne saurais tout dire, soit vous aurez plus à dire sur votre vie que moi sur la mienne. Et puis il n’y a jamais de vainqueur à la compétition « qui a connu le plus de calvaires ? », nous sommes tous perdants à ce triste jeu.
Je vais plutôt vous parler de ce moi d’aujourd’hui. Cette personne que je découvre depuis peu. Mon précédent moi est devenu mourant au mois d’avril 2016 et j’ai eu mes 39 ans le 17 mai dernier. « Hein ? Qu’est-qu’il raconte lui ? » La réponse est simple : ma première vie allait s’arrêter en avril-mai 2016, peu après mes premiers signes de crises d’angoisse suivi de mon burnout puis d’une dépression sévère.
Comment ma première vie a cessé
Je vais maintenant vous raconter dans quelles circonstances mon arrêt de travail pour maladie est apparu évident aux yeux de mon médecin.
Un matin du mois de mars 2016, comme les autres matins, je me dirige vers ma voiture commerciale (je suis/j’étais conseiller financier). J’entre et prends place. Mon costume est propre, ma chemise repassée est nickel, ma cravate bien nouée, rasé de près et sentant le parfum Bulgari acheté noël dernier j’étais prêt à partir une nouvelle fois en clientèle, chez un particulier. Le moteur tourne. La musique, du classique je crois, en fond. Mes mains sont sur le volant comme à l’auto-école. Je suis prêt à décoller. Mais je ne décolle pas. « Je vais être en retard… », mais je ne pouvais pas bouger. Stop.
Mon cerveau s’arrête. Je ne me souviens plus des secondes ou des minutes d’après. Ni de ce que j’ai fait. Suis-je rentré chez moi ? Allé au bureau ? Chez le client en question ? Je ne sais plus. J’étais en panique total.
Je me souviens juste de m’être repassé en mémoire ce fameux entretien de février, le mois précédent, pour lequel j’étais convoqué par mon directeur régional pour « faire un point sur ma situation depuis mon arrivée ». C’était déjà assez stressant en soi, je venais d’être muté 6 mois auparavant, en septembre 2015, mais le pire était à venir.
Je m’étais retrouvé, sans en être averti avant, devant : mon responsable d’équipe, mon directeur régional et le RRH nouvellement nommé au poste. Cela m’avait un peu secoué émotionnellement à la sortie de l’entretien, mais j’étais plus remonté qu’autre chose, je me faisais confiance malgré tout.
Ce n’était que de la surface, car en réalité mon intérieur, déjà fissuré quelques mois auparavant sans que je ne le sache non plus, s’était retrouvé avec une autre fissure plus sournoise et plus profonde encore. Mes pics de tension, mes yeux rouges, mes migraines étaient des signes avant coureurs d’un burn-out mais je ne savais même pas ce que c’était un burn-out ! C’était un truc du genre une excuse des faibles pour ne pas travailler… pff grave erreur ! Et ceux qui croient encore à ce genre d’ânerie n’ont pas encore compris.
Les signes avant-coureurs de mon burnout.
Dans la même semaine, ou celle suivant cette première crise de panique du mois de mars, je me rendais, comme à l’accoutumée, au bureau pour travailler sur des dossiers. Je voulais aussi montrer que je bosse malgré ce que certains semblaient vouloir penser. Mais en réalité j’étais resté coincé devant mon ordinateur.
En fait, et sans toujours m’en rendre compte, j’avais souvent les yeux dans le vague, l’esprit transporté ailleurs je ne sais où. Depuis quelques jours, j’essayais de prendre le temps de déjeuner avec des collègues histoire de me sentir dans mon milieu naturel, mais personne n’avait jamais le temps, ce n’était jamais le bon moment etc. Tout un tas d’excuses, réelles ou non, qui me laissaient seul au final.
Je me tenais donc devant mon ordinateur de travail, lequel commençait à me faire peur. Idée ridicule que je chassais de ma tête comme je le pouvais. Pour le bien de mon travail et de mes résultats je devais passer des coups de fil, sauf que je n’arrivais plus à prendre mon téléphone de travail dans les mains. Pour changer, j’ai essayé avec le téléphone fixe du bureau, mais cela revenait au même finalement. Mes mains se mettaient à trembler quand mes doigts approchaient le combiné.
Je me levais alors pour prendre un autre café ou prendre un verre d’eau, pour sortir prendre l’air car j’étouffais dans ce pourtant grand open space. A mon retour devant mon PC, devant ma pile de papier et devant mon agenda qui devenait de plus en plus vide, j’étais toujours « coincé » et je ne voyais pas le bout du tunnel. Les sous-entendus lors de l’entretien étaient devenus des menaces claires dans ma tête, cela me mettait plus en rage encore. Mes yeux et ma tête me faisaient mal, j’en avais des nausées et même des vertiges parfois.
Le premier jour du premier arrêt de travail
Comme à ce moment-là je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait, j’avais d’abord mis ça sur le dos de la fin de mon tabagisme en février tellement je ne voulais pas mettre ça sur le dos de mon travail à cette époque.
Mais mon médecin traitant n’était pas d’accord avec moi. Au contraire, j’avais eu raison d’arrêter de fumer (et je le confirme !). C’était la première fois que je la voyais, ma « docteresse ». J’avais attendu 3 heures dans la salle d’attente un jeudi après-midi pour la voir. Personne n’était au courant de ma visite chez le médecin, ni même ma tendre femme. Selon mon médecin, j’avais plutôt les signes d’une tension artérielle trop élevée. Mes yeux étaient en effet constamment rouges depuis plusieurs semaines, surtout l’œil droit qui me faisait même mal, et j’avais « mal au crâne » sans arrêt du lever au coucher. Elle me mit à l’arrêt durant 5 jours, avec une ordonnance précisant la posologie évidemment.
Mes nouveaux bonbons allaient être des antidépresseurs et des anxiolytiques. L’arrêt tombait bien, malgré tout, nous allions partir un week-end en Corrèze ma femme et moi pour nous changer les idées. Où était-ce grâce à cet arrêt que nous avions pu y aller ? Je ne sais plus.
En tout cas, ce week-end m’avait fait un bien fou. Le chalet était au calme près d’un bois, en pleine nature. C’était exactement ce qu’il me fallait. « Au retour, je serais requinqué et prêt pour attaquer mon travail ! »
Ce n’était pas un problème de tension
Mon médecin m’avait tout de même demandé de consulté un cardiologue afin de porter un tensiomètre durant 24 heures. Je me souviens de l’avoir porté pendant une réunion d’ailleurs, ça faisait du bruit toutes les 15 minutes.
Ma docteresse constatait toujours une tension normale à 12.5/12.6 lorsqu’elle me consultait. Comme elle, je ne comprenais pas cette histoire d’hypertension. Le tensiomètre allait enfin révéler la vérité.
En parallèle, afin de vérifier toutes les causes probables, j’avais pris rendez-vous chez un ophtalmologue pour fin mai je crois. Il faut savoir qu’en plus d’avoir les yeux rouges en longueur de journée j’avais de petits « vers » translucides et des points blancs, essentiellement à l’exposition du soleil. Tout cela était apparu peu à peu sur l’année 2015.
Le cardiologue me dit au sujet du résultat du tensiomètre : « Il n’y a rien du tout question tension, au repos le matin vous êtes à 10.3 et la journée à 11.4, et à nouveau à 10.3 ou 10.4 dans la journée quand vous êtes en repos, il n’y a donc pas d’hypertension. » Rassurant.
L’accumulation de symptômes
Puis, à nouveau chez mon médecin, celle-ci me demande au sujet de mes maux de crâne : « C’est des migraines ou des maux de tête? », la blague. « Que sais-je ? », j’ai mal au crâne, c’est tout. Elle m’explique que la plupart du temps quand on a mal au front c’est une migraine, quand ça part de derrière, voire de la nuque c’est un mal de tête dû à de la fatigue la plupart du temps… En gros, la migraine c’est à la fois d’origine neurologique et artérielle tandis que le mal de tête c’est la fatigue et le fait d’être tendu au niveau de la nuque. Fallait savoir.
En fait, je subissais des migraines depuis plusieurs mois sans savoir en faire la distinction. Le seul remède était de baisser un peu la tension à l’aide d’un traitement. Sauf qu’avec ce médicament j’avais été à deux doigts de m’évanouir à deux reprises car ma tension était trop faible. (Les chiffres du dessus sont plus signes d’hypotension que l’inverse vu ma corpulence).
C’était ça ou des migraines. J’ai opté pour les migraines, ça semble logique n’est-ce pas ?
Aujourd’hui, je continue d’avoir des migraines à la moindre pression : panique, angoisse, colère…
*Nous sommes le 31 octobre 2017 et c’est toujours le cas.
Le jour de mon burnout.

Puis, un jeudi matin, à mon bureau chez moi, j’allume l’ordinateur de travail avec l’intention, cette fois, de prendre le courage une bonne fois pour toute de contacter des clients. Je devais les rencontrer, les revoir, les relancer, que sais-je. Il fallait que j’y arrive ! Et je dis cette fois car les autres jours de la semaine je passais mon temps à ne plus rien faire : je ne pouvais pas.
Puis, assis dans ma chaise de bureau devant l’ordinateur j’ai fini planté là sans bouger, dans cette chambre qui nous sert de bureau à ma femme et moi. Elle vint me voir me demander comment j’allais. Elle s’inquiétait depuis quelques temps pour moi. D’un coup, sans même m’en apercevoir, j’avais dû lui hurler dessus avec un regard très dur, car à son regard porté sur moi j’y voyais la peur.
Elle a eu peur de moi. Terriblement peur de moi. C’est ce regard qui me fit comprendre que c’en était trop, que je ne supporterais pas plus longtemps la situation.
Une situation invivable peut conduire à l’inévitable
Mon revenu était d’environ 850 euros par mois alors que je travaillais plus de 50 heures par semaine. On me reprochait sans cesse mon manque de motivation, mon manque de travail, mon manque de « grosses affaires », et je n’avais qu’à me taire. Pourtant, j’étais sans cesse en demande pour qu’on m’appuie, qu’on m’aide à retrouver confiance car je sais que j’ai été bon, assez bon en tout cas pour recevoir les félicitations et les honneurs de ce même directeur régional deux ans plus tôt. La mutation ne m’avait pas réussi. La vie autour du travail n’était pas facile à gérer non plus, avec un tel salaire qui plus est.
Le 24 avril 2016, soit environ deux semaines après mon premier arrêt, je suis à l’agonie lorsque mon médecin me mit à l’arrêt pour « anxiété généralisée et problèmes mnésiques, type « burnout » ». Car oui je perdais la mémoire à tout va, à la moindre seconde passée. Je faisais des crises de panique : ces fameux moments d’absence dans ma voiture, devant mon ordinateur, mon téléphone… Un arrêt maladie d’un mois. Le second, et pas le dernier.
Du burnout à la dépression…
Le mois de mai 2016 devait être pour moi une nouvelle bouffée d’air, je pouvais enfin me tourner vers un autre destin me disais-je alors, moins destructeur pour moi. Je m’étais inscrit à un concours de la fonction territoriale et me mettais à travailler dessus, en prenant toutes les informations possibles dans tous les sens : Internet et la bibliothèque étaient mes deux sources d’informations principales.
Puis un mardi ou un mercredi*, je reçois un appel de mon père, avec qui les relations étaient devenues difficiles depuis que ma mère s’était enfin échappée de ses griffes. Au téléphone, il me lâche qu’il avait attenté à sa vie en mettant le feu à sa maison la veille. Là, il venait tout juste de sortir de l’hôpital…
… il ne suffit que d’un déclic
Mes jambes me lâchent, je me retrouve à quatre pattes dans mon bureau, chez moi. Ma tête vacillait tellement que plus rien ne semblait plus exister, le sol se dérobait sous mon corps. Mes mains attrapant ma tête, j’avais l’impression que rien n’était réel. Je ne pouvais pas crier ni m’exprimer. J’avais la sensation que mes yeux allaient sortir de ma tête. Je me remettais en question en même temps que je m’en voulais de ne pas avoir pu l’aider davantage, et je pestais sur lui, ce lâche qui avait lancé une bombe comme ça sans regarder, sans prendre gare aux dégâts potentiels. Il aurait mieux fallu qu’il ait réussi me disais-je alors. C’était horrible de penser ainsi, mais j’avais senti une blessure si intense en mon intérieur à ce moment-là que rien n’avait plus de sens en même temps que tout prenait des proportions énormes. Ce jour-là j’étais mort de ma première vie.
Tout honnêtement, je ne saurais pas dire exactement tout ce qu’il s’est passé dans le détail par la suite puisque je ne m’en souviens tout bonnement plus. Cela me reviendra certainement un jour ou l’autre, si cela doit se passer ainsi. Toujours est-il que j’ai continué à consulter mon médecin traitant, que j’ai vu l’ophtalmologue comme c’était prévu – je porte des lunettes de vue depuis, et j’ai toujours des « intrus » dans mon champ visuel – et que je suis en arrêt de travail depuis le 24 avril 2016.
Petite note
* Grâce à ce blog j’ai pu renouer contact avec l’une de mes tantes qui se souvenait mieux que moi de cette épisode. Lequel s’était déroulé plus tôt en fait, exactement en même temps que mes problèmes au travail… merci tata tu m’as permis de me rendre encore plus compte à quel point ces situations peuvent être perturbatrices.
Épisode d’une dépression sévère.
Rapidement, j’avais laissé tomber les manuels et les livres de préparation au concours de la fonction territoriale. Dans le fond, je me fichais complètement de tout cela. Plus rien n’avait plus de valeur à mes yeux. Et, au mieux, je n’aurais fait que contempler les livres sans pouvoir les lire tellement mon esprit était transporté dans un autre monde.
J’étais quasiment un légume. Les seules choses que je pouvais faire c’était : me réveiller, prendre mes médicaments, mon café, grignoter, jouer à la console, déjeuner, jouer à la console, dîner, regarder des séries et dormir. J’étais HS dès 21h, 22h dans mes « grands jours » pour me lever entre 10h et 11h. Tous les jours, c’était la même chose.
Dès que j’essayais, par invitation de ma femme ou de ma mère, à faire autre chose, ma tête me tournait dans tous les sens et je ne pensais qu’au trou noir du désespoir et à ma mise à mort réelle et définitive. Alors pour éviter de penser au pire je jouais à la console. Ma bonne vieille PS3, qui avait pris la poussière durant ces années, me servait enfin pour de bon. J’avais rentabilisé son achat, effectué 10 années auparavant, durant l’été 2016. Cela pourrait être marrant pour certains ou critiquable pour d’autres – jouer à la console n’a rien de productif – mais c’est tout ce que je pouvais faire. Et je peux affirmer que sans cette console qui a chauffé tout de mai à septembre 2016, je ne serais peut-être plus là pour en parler, elle a été mon exutoire.
La fin de l’ancienne vie
Moi qui aimais tant faire la cuisine, préparer des plats, participer à des jeux de société en famille, je ne pouvais plus rien faire de tout cela. La cuisine, j’en ignore encore aujourd’hui la raison, me donnait sans cesse de l’angoisse au point où je ne pouvais même plus faire quoi que ce soit comme plat. J’étais tout juste bon à faire couler du café et à faire bouillir de l’eau. Combien de fois j’ai contemplé ce couteau à viande…
Je pourrais continuer à vous donner d’autres détails, des anecdotes, concernant cette période de ma vie, mais j’avoue ne pas en avoir suffisamment le courage dans l’immédiat. Cependant, je sais pertinemment que cela ne pourra que me faire du bien en même temps que cela pourrait apporter de l’espoir à certains d’entre vous. Sachez seulement que j’avais malgré tout (par instinct de survie ?) fait en sorte d’obtenir rapidement un rendez-vous chez un psychologue dans un centre public, un CMP (Centre Médico Psychologique).
Ce qui m’a permis d’extérioriser peu à peu, au fur et à mesure que la psy gagnait ma confiance, et de sortir de ce marasme qu’est la dépression sévère. A ses dires, plus tard, elle avait été à deux doigts de me conseiller une hospitalisation tant mon état lui semblait grave. Je ne le voyais pas ainsi, mais je la crois sur parole. C’est aussi cette psy qui a fait entièrement comprendre à mon médecin l’ampleur de ma situation. Cette dernière était clairement au courant de mon burnout mais pas de ma dépression. Je souligne le fait que mon médecin a été formidable à ce moment-là, tant elle a été à l’écoute et compétente dans la compréhension de la situation.
Prémisses d’une nouvelle vie.
Durant l’automne 2016, j’aurais pris la date du 24 avril 2016 pour celle de ma renaissance. Finalement, je dirais plutôt que la date de ma renaissance remonte à il y a peu de temps, le 4 juin 2017 pour être précis.
Été 2016, j’étais clairement un fœtus en gestation. Automne 2016, la gestation se porte pas mal, au point que je me pointe au concours précité, sans aucune conviction quant à un succès évidemment. Je profite de mon temps libre pour faire le vide. Pour me rendre compte que j’ai passé 10 ans de ma vie à chercher à être quelqu’un d’autre tout en étant moi-même malgré tout, c’était déséquilibré quoi qu’il en soit.
De nouvelles activités
Au travers des jeux vidéos, mais moins, de coloriage de mandalas, de prières (je suis catholique), de pratique de Taïchi que j’avais laissé tombé en avril et de quelques participations dans une association de ma commune, je me reconstruisais en reprenant peu à peu confiance en moi. Je préparais un dossier pour un bilan de compétences afin de savoir dans quelle domaine je pourrais apporter mes qualités, mes compétences, mes connaissances etc. Malheureusement, ou heureusement tout dépend du point de vue, je n’ai pu commencer ce bilan qu’au mois de mars 2017 à cause de problèmes administratifs et de ma première assistante sociale qui s’est en fin de compte révélée plutôt incompétente, concernant une situation comme la mienne du moins.
Bref, tout ceci pour dire que je me sentais mieux. Si bien qu’avec l’accord de mon médecin nous avions mis un processus d’arrêt de prise d’antidépresseur et d’anxiolytique par étapes. J’attire votre attention sur ce point ! Ne prenez jamais la décision d’arrêter un tel traitement sans l’avis de votre médecin ! Fin décembre, je ne prenais plus de médicaments.
La rechute
Début janvier 2017, sans véritablement m’en rendre compte, j’avais coupé les ponts avec l’association dans laquelle je me sentais pourtant bien. En même temps que l’arrêt des médicaments (sous conseil médical je précise) j’avais arrêté de voir ma psychologue et mon psychiatre*. Je me portais bien, pourtant j’avais coupé les ponts avec pas mal de monde en me renfermant sur moi-même.
Au même moment, je prenais la ferme décision de reprendre mes études et de les poursuivre enfin vers un master (en société et religion) pour continuer sur un doctorat. J’avais déjà mes sujets en tête. Je m’étais fait un planning pour rattraper mon retard universitaire, reprendre les habitudes d’études et de commencer à me constituer un corpus pour mes prochains travaux de recherche. C’est à la même époque, depuis octobre 2016 en fait, que j’avais commencé à apprendre à jouer de la guitare, d’abord pour offrir un cadeau « originale » à ma meilleure amie. Je suis encore très loin d’un niveau écoutable mais bon, ça me plaît. J’ai aussi repris le goût d’écrire et de lire. Deux choses dont j’avais oublié le goût que, pourtant, j’aimais profondément. Donc, 10 ans après mon dernier bouquin je lisais à nouveau. De tout, de rien, des magazines, des livres, des articles, des études… J’étais en effervescence.
* Avec du recul, je sais maintenant que tout ceci était des signes de rechute.
Toujours cette image extérieure qui sonne faux
En mars, je ne me sens plus très en forme, je doute énormément sur mes capacités et sur ma conviction qui était de reprendre des études longues. Le bilan de compétences éveillait en moi des parties cachées en même temps qu’il révélait des questionnements intéressants. Je me demandais même si je ne devais pas reprendre mon poste, le travail qui est le mien, que je connais si bien et pour lequel j’ai su être bon, voire très bon parfois. La question se pose encore aujourd’hui.
En mai, c’est ma femme qui tombe dans une dépression sévère qui la guettait depuis un moment déjà. Une dépression suite à du harcèlement moral subi depuis plusieurs années sans pour autant que cet harcèlement ait toujours été « visible ». Elle pète littéralement un plomb, ce qui me met, à mon tour, dans un état pas croyable. Je rechute. Je ne dis pas cela pour rejeter la faute de cette rechute à ma femme, aucunement. Le fait d’avoir coupé les ponts avec plusieurs personnes très proches, dont ma meilleure amie et ma famille, est une preuve accablante que j’étais très loin d’être « guéri » !
Sombrant dans un désespoir sordide, je suis prêt à mettre fin à ma vie. Je n’avais plus rien à perdre ce soir-là (je passe sur beaucoup de détails volontairement, par pudeur avant tout).
La prise de conscience
Puis un autre jour s’est levé, comme tous les jours vous me direz. Sauf que ce jour-là était différent car ma femme et moi avions pris conscience combien il était absurde de se laisser mourir à petit feu, de se laisser détruire à cause d’autres personnes, à cause de situations échappant à notre contrôle et, surtout, oui surtout, ces situations qui ne sont pas de notre fait !
C’est une chose à entendre et à prendre en considération de manière très sérieuse. Car c’est ce qui nous plombe le plus, ces choses qui ne sont pas de notre fait, mais dont on s’accapare malgré tout les conséquences néfastes. Ce n’est pas à nous de payer les pots cassés des autres. Ce n’est pas à nous de subir les conséquences imputables à d’autres.
Notre caractère de personne altruiste, empathique, cherchant à être le plus honnête possible, le plus droit possible dans un monde finalement si tordu nous fait du tort. Nous sommes ce que nous sommes, le monde est ce qu’il est. Les autres ne pourront jamais prendre conscience que certaines personnes peuvent être différentes, notamment en terme de sensibilité. Ces autres ne pourront jamais comprendre notre sensibilité. Une sensibilité encore plus à fleur de peau quand on a connu un burnout et/ou une dépression.
La renaissance

Le 4 juin 2017 EST la date de ma renaissance, c’est aussi la date de ma confirmation, sacrement catholique important dans la vie d’un chrétien.
C’est ce jour-là que j’ai pris conscience que nous avons la possibilité, tous autant que nous sommes, de faire des choix dans notre vie. Que nous pouvons devenir meilleur. Pas pour les autres, pas forcément en tout cas, mais d’abord pour soi, ensuite pour son compagnon ou sa compagne, puis pour le reste de sa famille, pour ses amis, ses connaissances et les autres en dernier.
Ma foi chrétienne me pousse à aller d’abord vers ces autres avant ma propre famille, mais je n’ai pas encore cette force je dois l’avouer. Et puis, je sais maintenant que je dois d’abord être mieux, moi, ce MOI que j’ai mis au placard pendant tant d’années, pour être mieux pour les autres.
Alors, depuis cette date j’écris et je lis, autrement cette fois. J’écris et je lis plus que jamais. Car j’ai envie de partager mes lectures. Auparavant j’aurais voulu écrire des histoires toutes neuves, aujourd’hui j’ai envie d’aider à guérir des histoires vieilles et malades. Ce blog est construit dans ce sens tout particulièrement. Je n’avais jamais publié mes écrits. Sauf une fois je l’avoue mais c’était dans un cercle si fermé qu’on ne le comptera pas hein. Bon, disons que je n’ai presque jamais publié d’écrit. Alors vu que c’est publié sur un support on ne peut plus public, je vous remercie par avance lecteur(s) pour votre indulgence. (je ne suis pas un pro de l’écrit).
Burnout, dépression, tristesse, mélancolie, épuisement : il est urgent d’en parler !
Ce blog n’est pas seulement un exutoire pour me permettre de me décharger. Non, ce blog est un exutoire ET SURTOUT une porte qui vous est ouverte pour vous permettre de vous exprimer ! Vous n’êtes pas seuls à faire face à des épreuves de toutes sortes ! !
Contactez-moi, commentez mes articles, partagez tel ou tel passage, partagez l’adresse du site. Si vous en avez besoin d’autres en ont besoin également !
Et c’est en parlant de ce qui nous fait mal qu’on commence le processus de guérison, comme c’est en faisant ainsi qu’on peut se permettre de transformer notre vie pour se sentir mieux en devenant meilleur, pour soi d’abord, et pour les autres.
Remerciements
Infiniment, je remercie ma tendre et très chère épouse. Je ne remercierai jamais assez ma famille, mes amis et tous ceux qui m’ont soutenu d’une manière ou d’une autre, ceux qui m’ont gardé dans leurs pensées ou leurs prières. Je demande pardon à celles et ceux, peut-être ceux-là même qui ont malgré tout eu des pensées pour moi, à qui j’ai pu faire du tort ne serait-ce que par mon absence très marquée. J’avais plus que tout besoin de me retrouver avec moi-même pour ne pas sombrer. Je demande un grand pardon à ma femme, ma mère et à mes deux meilleurs amis François et Margaux pour mes moments d’absence et pour tout le reste. Je vous aime tous. Mes pensées vont vers vous chaque jour qui passe.
Nicolas HSK